Comparaison Entre les Différentes Techniques de Traitement de l’Adénome de Prostate:

La majorité des techniques de traitement de l’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) associée à des « symptômes des voies urinaires inférieures » présentent des complications des fonctions urinaires et sexuelles notamment au niveau éjaculatoire et érectile.

La qualité de vie des patients HBP est significativement affectée suite à ces traitements d’où l’intérêt d’une technique optimale ne présentant aucune répercussion sur les fonctions sexuelles.

Un article de Wong et collaborateurs publié en 2020, réalise une étude comparative entre les différentes techniques de traitements de l’HBP et l’embolisation de l’artère prostatique et souligne les conséquences de ces traitements sur les fonctions sexuelles.

Nous vous présentons ci-dessous certains de ces traitements avec leurs potentiels effets secondaires relevés :

La résection trans-urétrale de la prostate (TURP) est considérée jusqu’à là comme la technique de référence (gold standard) pour le traitement de l’HBP. Elle consiste à découper le tissu prostatique excédentaire à l’aide d’un résecteur endoscopique introduit au niveau de l’urètre. Malgré son efficacité sur la réduction de la taille de la prostate, cette technique entraîne une éjaculation rétrograde* chez 70% des patients traités et une anéjaculation* chez 52% des cas.

La photovaporisation et l’énucléation par laser Holmium,  sont des techniques employant le laser pour l’ablation de la prostate (prostatectomie).

Parmi les effets secondaires de ces techniques on note une absence d’éjaculation ou une éjaculation rétrograde observée dans 30 à 77% des cas ; une éjaculation douloureuse dans 3.3 à 5.4 % des cas et une réduction de la qualité du sperme dans 21% des cas.

La thermothérapie par  micro-ondes transurétrale ou Transurethral microwave therapy (TUMT) utilise des micro-ondes pour induire la nécrose (mort) du tissu prostatique.

La chaleur excessive (>60°C) engendrée par la sonde transurétrale utilisée dans le cadre de la TUMT, peut affecter le tissu nerveux contribuant aux fonctions sexuelles.

8.7% des patients voient leurs fonctions érectiles affectées suite à la TUMT et 17.8% présentent des dysfonctionnements érectiles.

La prostatectomie ouverte, réservée aux patients ayant un volume prostatique important est associée à un dysfonctionnement érectile chez 89% des patients opérés.

L’embolisation de l’artère prostatique (EAP) est une technique mini-invasive innovatrice permettant le traitement de l’hyperplasie prostatique sans avoir recours à la chirurgie.  

L’avantage principal de cette technique est l’absence de répercussions sur les fonctions érectiles ou urinaires à long terme. L’EAP peut même dans 32% des cas améliorer la fonction érectile.

Une diminution de la quantité de l’éjaculat a été reportée chez 16% des patients.

Une étude de Hakimé et collaborateurs du Centre Adénome Prostate (European Radiology : in press) sur les effets de l’EAP qui préserve les artères des vésicules séminales, retrouve une diminution du volume de l’éjaculat dans moins de 3 % des cas.

Le Rezum est une technique qui utilise la vapeur d’eau pour réduire la taille de la prostate. Cette technique n’entraîne qu’un faible taux d’éjaculation rétrograde <10 % et pas dysfonction érectile. Elle nécessite une sonde pour 2 à 3 jours du fait d’une hématurie et ne s’applique que pour les prostates de plus de 80g.

L’urolift consiste à mettre un stent (petit ressort en métal) en nitinol dans le conduit urinaire comprimé par la prostate pour la maintenir ouverte. Elle n’entraîne pas d’éjaculation rétrograde ou de dysfonction érectile. Ce stent doit être régulièrement changé et ne s’applique pas pour les prostates de plus de 80g

Pour les prostates de moins de 80 g, l’embolisation de l’artère prostatique, le rezum et l’urolift sont les trois techniques qui n’affectent pas les fonctions sexuelles. Cependant, pour les prostates de plus de 80 g, l’embolisation prostatique est la seule technique qui permet de préserver au mieux les fonctions sexuelles et urinaires du patient.

*Ejaculation rétrograde : excrétion du sperme vers la vessie au lieu d’être conduit dans l’urètre.

*Anéjaculation : absence d’éjaculation

Référence : Wong et al., Techniques in Vascular and Interventional Radiology, 2020.